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Pub en ligne : pourquoi les éditeurs veulent-ils stopper Adblock Plus?

Pub en ligne : pourquoi les éditeurs veulent-ils stopper Adblock Plus?
Christophe Coquis

Christophe Coquis

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La guerre semble déclarée entre les éditeurs en ligne et les bloqueurs de publicité dont le plus connu, Adblock Plus. Alors que 78% des Français se déclarent gênés par la publicité en ligne dans un dernier sondage réalisé par OpinionWay et rendu public ce 3 décembre, les éditeurs en ligne français ainsi que l’IAB France envisagent de porter plainte contre Adblock Plus et autres “ad blockers”. Pourquoi ce virage judiciaire et qu’est-ce que cela va changer pour les utilisateurs de ces bloqueurs de publicité ?

Les médias en ligne sont de plus en plus inquiets de l’usage croissant de ces petits programmes qui s’installent sur le navigateur de l’internaute et qui vont, par magie, faire disparaitre toutes les publicités. Adblock Plus, le plus populaire, détecte le contenu publicitaire de type bannières, encarts Flash et même les campagnes de pub “intégrées” qui s’avèrent les plus distrayantes pour la navigation. Il permet d’accélérer les temps de chargement des pages puisque les scripts publicitaires ne sont pas pris en compte.

Le problème pour les éditeurs est que ce sont ces publicités qui financent le contenu publié et souvent disponible gratuitement. De l’avis des éditeurs français, il en va de leur survie de stopper l’installation de ces programmes. Cette étape judiciaire a déjà été engagée par les éditeurs allemands il y a quelques semaines.

Quels griefs contre Adblock Plus?

Les éditeurs français considèrent que le modèle économique sur lequel se base Adblock Plus peut être considéré comme du chantage. En effet, il est possible pour un éditeur de faire apparaître ses publicités sur un navigateur équipé d’Adblock Plus à condition de payer et de remplir certains critères comme le fait qu’elles ne soient pas intrusives. Il n’en demeure pas moins qu’il sera difficile pour les éditeurs de trouver un argument légal pour empêcher l’usage des bloqueurs de publicités sur les navigateurs.

Quelles conséquences pour les utilisateurs d’Adblock Plus

On voit mal comment les éditeurs pourraient empêcher les utilisateurs de filtrer la publicité sans rentrer dans des débats sur la liberté individuelle. La seule arme que les éditeurs pourraient peut-être utiliser pour contrer Adblock Plus serait de le condamner à une très forte amende qui, de fait, l’obligerait à cesser ses activités faute de moyens financiers. Mais, il est fort probable que d’autres bloqueurs de publicité occuperaient tout de suite la place laissée vacante.

Le modèle économique de la presse en ligne en danger?

De tout temps, la publicité a financé en partie ou toute la production des contenus publiés par les médias. Avec l’arrivée d’Internet, l’information est devenue abondante et gratuite. Faire revenir les utilisateurs à un modèle payant semble très difficile pour la plupart des médias. Google, encore lui, a-t-il la solution? En tout cas, la firme de Moutain View vient de lancer un système alternatif, dans un premier temps aux États-Unis, nommé Contributor, et qui fonctionne comme un ad blocker mais payant. Contre une donation mensuelle, vous allez soutenir financièrement, selon Google, les sites Web tout en profitant d’une navigation sans publicité. Mais Contributor n’est en phase de test qu’avec quelques sites américains. Il n’est pas sûr non plus que les éditeurs désirent avoir une nouvelle laisse autour du cou avec Google dans le rôle du maître-chien.

Google ContributorGoogle Contributor

Tenter de neutraliser les bloqueurs de publicité semble une guerre sans fin. Il serait peut-être plus judicieux, comme certains éditeurs le font déjà, de sensibiliser leurs lecteurs tout en promettant une communication responsable qui éviterait des pratiques pour le moins intrusives, notamment avec la vidéo. D’autres solutions apparaissent comme celle proposée par une start-up hollandaise, Blendle, qui se veut être “l’Itunes de la presse” en permettant aux lecteurs de payer les articles à la pièce d’une manière simplifiée. Jol Store est une autre solution similaire qui vient de se lancer en France.

En tout cas, traiter le problème uniquement sous un angle judiciaire n’est pas la solution pour arrêter le phénomène des “ad blockers”. C’est peut-être aussi à l’industrie de la publicité en ligne de se remettre en question pour offrir aux marques de nouveaux formats moins intrusifs. Ainsi, les internautes ne percevront plus la publicité comme une pollution visuelle et les bloqueurs de publicité ne seront plus qu’un mauvais souvenir pour les éditeurs en ligne.

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