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Paul Cuisset: «Grâce à la communauté de backers, nous pouvons amener Sujet 13 au niveau supérieur»

Paul Cuisset: «Grâce à la communauté de backers, nous pouvons amener Sujet 13 au niveau supérieur»
Yann-Marig Brezac

Yann-Marig Brezac

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Après s’être essayé au survival horror avec Amy, puis avoir revisité Flashback l’année dernière, Paul Cuisset revient au jeu d’aventure avec un nouveau projet en développement intitulé Sujet 13. Un retour aux sources en quelque sorte pour le créateur des Voyageurs du temps qui, aux côtés d’autres grands noms (Frédérick Raynal, Éric Chahi, Philippe Ulrich…), a contribué à donner au jeu vidéo français ses lettres de noblesse.

Résolument tourné vers l’avenir, Paul Cuisset s’adapte aux nouvelles tendances et Sujet 13 sera en partie financé de façon participative via Kickstarter. Il a accepté de répondre à nos questions à cette occasion.

Sujet 13

Softonic: Quelle est l’idée derrière votre nouveau projet de jeu d’aventure Sujet 13? Comment vous est venue l’envie de revenir au jeu d’aventure?

Paul CuissetPaul Cuisset : Pour moi qui ai connu l’âge d’or des jeux d’aventure dans les années 90, ça a été une grande déception de les voir disparaître des rayons au fil des années.

Je suis persuadé qu’il y a encore un public qui aime se triturer les méninges sur ce type de jeux, mais malheureusement il est devenu quasiment impossible de proposer des projets de jeu d’aventure à de gros éditeurs qui ont renoncé au genre il y a bien longtemps.

Heureusement, la scène indépendante, le crowfunding, ainsi que quelques petits ou moyens éditeurs courageux ont permis à certaines productions de voir le jour avec succès. La série Walking Dead de Tell Tales prouve que le genre est viable, même s’il doit encore s’adapter pour survivre. En France, des sociétés comme Microïds et quelques autres font partie des derniers résistants à avoir le courage de prendre des risques et de croire encore à ce type de jeu. L’expansion des mobiles et tablettes a été déterminante pour ce retour en grâce du genre, car ce sont des plateformes qui lui sont parfaitement adaptées.

Sujet13 est d’abord une expérience très personnelle, puisque je suis le seul programmeur, game designer et scénariste du jeu. En termes de production, c’est un retour aux sources pour moi et je retrouve, comme à mes débuts la démarche d’auteur et le côté « garage » qui m’ont beaucoup manqué quand j’ai travaillé par la suite avec de plus grosses équipes.

En termes de scénario, Subject 13 est un challenge, car la narration se fait à travers les bribes d’informations récoltées pendant le jeu et  les conversations que le héros du jeu, Franklin Fargo, a avec un mystérieux individu qui le surnomme Sujet 13. L’intrigue se dévoile au fur et à mesure et amène son lot de surprises.

S: A quoi servira exactement l’argent récolté à travers votre campagne Kickstarter?

P. C. : Le jeu est déjà bien avancé, mais comme toujours nous avons besoin de temps afin de peaufiner les réglages et le gameplay. Je pense que souvent ce sont ces 5% supplémentaires qui feront toute la différence entre un jeu correct et un très bon jeu.  Grâce à la communauté de backers, nous pouvons amener Sujet 13 au niveau supérieur visuellement et en termes d’ambiance sonore, proposer d’autres manières d’y jouer et d’autres plateformes…

De plus Kickstarter -on voit cela se confirmer tous les jours- est un incroyable moyen d’échange avec la communauté. Nous sommes touchés par le nombre de personnes aidant le projet par des feedbacks et des conseils.

Tout ce qui va à l’encontre de la pensée unique, ma foi, ça me plait bien

S: En plus d’aider à la production du jeu, quels sont les avantages du financement participatif pour la communauté des joueurs ?

P. C. : Grâce à cette nouvelle interaction entre joueurs et créateurs, on voit ressurgir des genres de jeux qui avaient pratiquement disparu, des idées farfelues, des gadgets révolutionnaires, des salades de pommes de terre… Pour la première fois, les gens décident de ce qu’ils veulent vouloir voir exister sans qu’un puissant constructeur/éditeur décide pour lui après des études savantes sur le secteur. Le crowdfunding va à l’encontre de la pensée unique. Et tout ce qui va à l’encontre de la pensée unique, ma foi, ça me plait bien…

S: Subject 13 sera peut-être compatible avec les lunettes Oculus Rift. Quels avantages et inconvénients la réalité virtuelle peut apporter au gameplay d’un jeu?

P. C. : La bonne nouvelle, c’est que le palier Oculus Rift a été confirmé il y a peu. Nous espérons l’atteindre pour démontrer, comme d’autres commencent à le faire, que la réalité virtuelle ne va pas être l’apanage de la vue à la 1ere personne. Pour l’immersion de ce genre de jeu qui ne joue pas sur l’ultra-spectacle mais avant tout sur l’ambiance et la réflexion, l’Oculus Rift sera un atout majeur. De plus de nombreux puzzles étant résolus en vue subjective, avec ce dispositif, il sera possible d’interagir comme si on avait l’objet en 3 dimensions devant soit, ce qui sera forcément plus concret que sur un écran. La comparaison ne vient pas de moi, mais je cite une personne nous ayant laissé un message à ce propos sur KickStarter et qui fait le parallèle avec les jeux 3DS qui marchent parfaitement sur des titres en 3eme personne. C’est un peu différent, c’est sûr, mais le parallèle se défend parfaitement et a le mérite d’être assez parlant. L’inconvénient, c’est que ça prend forcément du temps de repenser l’interface pour l’utilisation d’un tel matériel. Et puis c’est vrai qu’on n’a pas toujours l’air très malin avec ce truc sur la tête… (Rires)

S: Appliqué au jeu vidéo, comment définiriez-vous le style Paul Cuisset ?

P. C. : Je ne saurais dire s’il y a un style Paul Cuisset, car les projets sur lesquels j’ai travaillé ont souvent été très différents les uns des autres et j’apprécie vraiment la chance que j’ai eu de ne pas avoir à me cantonner à un style de jeu en particulier.

Cela dit, je m’en suis toujours tenu à cette règle d’or: La technique au service des graphismes, les graphismes au service de l’histoire, et l’histoire au service du gameplay.

S: Quels sont vos sentiments à l’égard de jeux indés qui rendent hommage à votre travail (un exemple récent est The Last Night des frères Soret) ?

P. C. : Je vais leur faire un procès… (Rires) Non sérieusement, c’est vraiment incroyable que ce jeu inspire encore autant de monde. Qui aurait pu imaginer ça à l’époque où il est sorti ? Le pixel art est en vogue chez les jeunes développeurs qui n’ont pas connu ça et je trouve ça assez ironique parce que nous les plus anciens qui n’avions pas le choix à l’époque, nous avons tout fait pour y échapper. La boucle se boucle, et ça ne nous rajeunit pas…  (Rires)


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Pour participer au financement du jeu, rendez-vous sur la page kickstarter de Sujet 13.

Sujet 13 devrait sortir sur PC, MAC, iPhone, iPad et Android et sera compatible avec l’Oculus Rift. Des versions pour consoles sont également envisagées.

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Yann-Marig Brezac

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