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BlackBerry 10: Chronique d’un comeback impossible.

Samuel Marc

Samuel Marc

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Il y a environ un an, j’ai fait un pari avec un ami. Lui, fan indécrottable de BlackBerry était prêt à parier un iPad que le nouveau système d’exploitation de la marque canadienne réussirait l’exploit de se hisser sur le podium des OS mobiles les plus populaires.

Le 30 janvier 2013, le constructeur canadien présentait BlackBerry 10, la toute dernière version de son système. Une sortie aux airs de dernier hourrah, voire de chant du cygne. Fruit de deux ans de travaux, BB10 pourrait en effet être la dernière carte de BlackBerry. Mais, la plateforme a entre temps perdu de son aura, et accessoirement, la confiance des professionnels. Ce nouveau BlackBerry OS a-t-il les armes pour s’imposer sur le champ de bataille des systèmes d’exploitations mobiles? Chronique d’un comeback (presque) impossible.

Un système d’exploitation (vraiment) innovant

BB10 est peut-être le système d’exploitation mobile le plus innovant paru ces 3 dernières années.  Le nouveau système d’exploitation s’attaque aux standards désormais universellement adoptés chez la plupart de ses concurrents pour adopter des solutions osées, certes, mais courageuses. L’exemple le plus marquant est peut-être la façon dont l’OS rend obsolète le traditionnel centre de notification vu chez Android, iOS et Windows Phone. BB10 lui préfère le BlackBerry Hub, un écran accessible à tout moment donnant accès à tous vos messages et non à de simples extraits.

Un penchant iconoclaste que l’on retrouve dans la réinvention du multitâche initiée par le nouveau système d’exploitation. Passer d’une application à une autre aura en effet rarement été aussi simple. Sur BB10, un geste vous permettra de réduire une application à l’état de widget et d’accéder aux 8 derniers programmes utilisés. En comparaison, les systèmes adoptés par iOS, Android et Windows Phone paraissent primitifs, lents et grossiers.

En y réfléchissant bien, BB10 partage de nombreux point communs avec le défunt Web OS, un système d’exploitation révolutionnaire sur bien des points qui n’a malheureusement pas su trouver son public. Le nouveau système d’exploitation arriverait-il trop tard ?

Où est la Killer App ?

Mais si le système d’exploitation venu du grand nord n’arrive pas les mains vide niveau innovation pure, force est de constater qu’il peine à se distinguer de ses concurrent directs fautes de fonctionnalités vraiment révolutionnaires aux yeux du grand public. C’est peut-être le logiciel accompagnant l’appareil photo des tous nouveaux smartphones BlackBerry qui se rapproche le plus d’une hypothétique Killer App. Le mode Time Shift vous assure de réussir tous vos clichés en capturant des images avant et après la prise de chaque photo. Seulement voilà. La technologie est déjà connue et peine à convaincre aujourd’hui.

Pire, BlackBerry a perdu le monopole sur une de ses fonctionnalités historique, BlackBerry Messenger (BBM pour les intimes). Elles se nomment WhatsApp, Viber, Libon, Yuilop, Line, Facebook Messenger ou iMessage et proposent toutes le même service : des messages gratuits et illimités quelque soit l’opérateur ou le pays de votre interlocuteur.
Et puisque nous évoquons les applications, revenons sur les fameux 70 000 programmes soi-disant disponibles à la sortie de BlackBerry 10. Sur ces milliers d’applications, 40% ne seraient que des conversions d’applications Android portés à la va vite sur le nouvel OS. Un constat édifiant.

La Bataille pour la Troisième Place

Soyons clairs. BB10 ne remplacera pas Android ou iOS ni demain, ni dans un an. C’est bien pour la troisième marche du podium que se livre aujourd’hui une des batailles les plus féroces de l’histoire des nouvelles technologies. Une bataille qui sera d’autant plus ardue que BlackBerry a perdu la confiance du secteur professionnel, cœur de cible historique de la marque. Un phénomène cristallisé en novembre 2012 par la décision de l’agence américaine de l’immigration et des douanes de remplacer les BlackBerry de ses 17.600 employés par des iPhones.

Face à notre petit David canadien, un véritable Goliath informatique: Microsoft et son Windows Phone. Un système d’exploitation qui a les coudées franches depuis l’abandon définitif de Symbian par Nokia. Autant dire que la tâche sera ardue vu l’écosystème déployé par le géant de Redmond (Xbox, Surface, Skype, Windows, etc.)

Mais au poids lourd qu’est Windows Phone viennent s’ajouter des concurrents tout aussi disposés à replonger BlackBerry dans l’oubli. Open Source, libres et bâtis autour des standards du Web, Firefox OS et Ubuntu for Phones représentent peut-être l’avenir de la téléphonie mobile. Soutenus par des acteurs clés du secteur (Deutsche Telekom, Sprint ou Telefonica, Alcatel, ZTE, etc.) ces systèmes d’exploitations visent les pays émergents et leurs marchés en pleine expansion.

Des perspectives d’avenir

Cependant tout n’est pas perdu pour le constructeur canadien. Si les baies noires ont un léger goût de pourri sous nos latitudes, il est des contrées où BlackBerry est encore la plateforme de choix.
BlackBerry est par exemple le premier vendeur de Smartphones du continent Africain avec notamment 45% de parts de marché en Afrique du Sud en 2011. Mieux, l’Indonésie représenterait le second marché mondial de la marque derrière le Royaume-Uni. Une solide implantation sur des marchés à fort potentiel de croissance qui pourrait permettre à BlackBerry OS de retrouver sa gloire perdue.

Mais BlackBerry pourrait également assurer la pérennité de son nouveau-né en coupant le cordon le rattachant aux smartphones de la marque. Les têtes pensantes de RIM ont en effet confirmé à plusieurs reprise caresser l’idée de vendre des licences BB10 à d’autres constructeurs. De là à imaginer des téléphones Samsung, HTC ou LG tournant sous BlackBerry OS, il n’y a qu’un pas.

BB10 est un système d’exploitation séduisant. Ambitieux, pensé pour répondre à des besoins précis et façonné avec soin, et pour tout vous dire, il s’agit de l’OS le plus innovant qu’il m’ait été donné de manipuler depuis longtemps. Seulement voilà : il arrive sur un marché dominé par des leaders installés depuis des années et attaqué de toutes parts par des outsiders agressifs. Si un comeback n’est pas entièrement impossible pour BlackBerry OS, tout laisse à croire que ce dernier ne se fera pas sans mal. La réception des prochains smartphones de la marque devrait nous donner une bonne indication quant à l’avenir du système d’exploitation. Mais si j’en crois mon petit doigt, je ne risque rien en investissant dès aujourd’hui dans un étui pour tablette Apple…

Samuel Marc

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